- LANGUES (TYPOLOGIE DES)
- LANGUES (TYPOLOGIE DES)LANGUES TYPOLOGIE DESPar opposition à un classement génétique, qui tiendrait seulement compte de la filiation des langues entre elles, on a pu proposer un classement synchronique, soucieux de respecter les constantes qu’à différents plans d’analyse manifestent les diverses langues, quelle que soit leur appartenance à des ensembles géographiques ou historiques. Ces derniers n’apportent à la connaissance des systèmes que des schémas grossiers et parfois fautifs (rôle de l’emprunt et de la contamination, immixion des «mentalités» ou de l’extralinguistique dans le linguistique). Passons sous silence quelques classifications délirantes qui assimilent la langue à un organisme social ou biologique.La prévalence de la notion de combinaison syntagmatique parmi les phénomènes qui caractérisent le moins arbitrairement la langue comme système a très vite fait mettre l’accent sur la manière dont se comportent les unités grammaticales porteuses de sens dans une structure phrastique exprimant un tout de pensée.C’est ainsi que la spécificité des langues où il y a amalgame dans les désinences a été reconnue depuis longtemps, notamment par les frères Schlegel au début du XIXe siècle. Ce siècle a encore apporté, avec W. von Humboldt, un état de la question qui devait passer pour définitif jusqu’à E. Sapir (Language , 1921); celui-ci l’affina, mais en conserva le schéma de base qu’on peut ramener à cette triple direction: langues isolantes, langues agglutinantes, langues flexionnelles.Les langues isolantes (ou analytiques) présentent des morphèmes qui restent tels quels dans le système et se juxtaposent sans qu’on puisse parler de radicaux proprement dits et de désinences. On s’est longtemps représenté ainsi le chinois, mais on sait aujourd’hui qu’il n’existe pas de langue isolante à l’état pur. Dans les langues agglutinantes (ou synthétiques), on trouve des marques grammaticales et une base, mais les principes qui président à la formation des mots et des séquences ne sont pas rigides dans tout le système. Le turc en est aujourd’hui un exemple reconnu. Dans les langues flexionnelles, ce sont des règles morphologiques qui déterminent l’organisation grammaticale des mots et leur combinatoire. Les rapports syntaxiques (fonctions) et les catégories grammaticales (genre, nombre et personne) y fusionnent dans des systèmes plus ou moins complexes de déclinaisons et de conjugaisons, selon que la langue est flexionnelle synthétique (latin) ou flexionnelle analytique (langues romanes, anglais). Il n’y a pas d’exemple de langue flexionnelle pure, car l’amalgame des différentes valeurs au sein d’un morphème unique (par exemple, le latin -orum désigne à la fois le cas, le genre et le nombre, sans qu’on puisse assigner à l’un d’eux tel ou tel segment de la chaîne phonique) coexiste souvent, par nécessité diacritique, avec le recours à des démarcatifs connexes tels que les prépositions. On en est conduit à se demander si le finnois, avec sa multitude de cas, n’est pas une langue où se serait développé un système abondant de particules postposées.De fait, la typologie se heurte la plupart du temps à une objection méthodologique fondamentale concernant le caractère des traits pertinents à retenir: s’occupera-t-on des manifestations de surface, qui sont contingentes et ne peuvent prétendre qu’à une simple taxinomie, ou de l’organisation profonde des mécanismes linguistiques? Dans ce dernier cas se ferait cruellement sentir la carence d’une nécessaire théorie des universaux de langage.
Encyclopédie Universelle. 2012.